Avant que les ombres s'effacent de Louis-Philippe Dalembert
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques
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HAÏTI,LE SALUT
Que sait-on du passé d’Haïti ? Que ce pays a été l’un des premières républiques indépendantes des Caraïbes, qu’elle a vaincu l’armée napoléonienne par le génie de Toussaint-Louverture. Le roman de Louis-Philippe Dalembert, auteur haïtien, nous apprend également que cette île constitua un refuge pour les Juifs persécutés ; l’Etat haïtien vota en 1939 un décret-loi autorisant ses consulats à délivrer passeports et sauf-conduits à tous ceux qui seraient susceptibles d’en faire la demande.
Dans ce roman, qui ne se départ jamais d’une touche d'autodérision et d’un humour constituant un contrepoids au caractère tragique du récit, Louis-Philippe Dalembert imagine la vie d’un Juif ashkénaze, le docteur Ruben Schwarzberg, originaire de Lodz en Pologne qui s’établit ensuite à Berlin sur les bords de la Spree. Sa famille mène une vie de citoyens intégrés, jusqu'à la catastrophe du nazisme, qui commence dès 1933 son œuvre d'exclusion et de répression féroce. L’un de ses épisodes les plus cruels est bien sûr la nuit de Cristal du 9 novembre 1938. Il échappe aux SA grâce à l’aide d’un diplomate haïtien qui le conduit à la légation pour le mettre à l’abri. C’est son premier contact avec Haïti. Avant qu’il ne s’établisse définitivement sur cette île, Le docteur Schwarzberg rencontre à paris Ida Faubert, haïtienne de Paris qui l'introduit dans cette communauté et lui fait découvrir le Bal Nègre, établissement bien connu des noctambules, de toutes origines raciales. En fait, Ruben Schwarzberg a déjà fait connaissance avec la culture haïtienne : avant qu’il ne débarque sur l'île, il a découvert De l’égalité des races humaines d’Anténor Firmin, La Vocation de l’élite, de Jean-Price-Mars, et Le Choc d’Ida Faubert. Ce roman est axé également sur des retours entre le passé et le présent. Ruben Schwarzberg raconte en 2010, à l’occasion du séisme survenu cette année-là, sa propre vie à sa petite-cousine Deborah venue d’Israël en tant que médecin.
Ce récit souligne l'ouverture des peuples issus de l’archipel des Caraïbes, met en exergue le rôle du vaudou dont l’auteur souligne le caractère d’une religion véritable. Roman rafraîchissant et optimiste, ce qui ne manquera pas de combler les lecteurs.
Les éditions
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Avant que les ombres s'effacent [Texte imprimé], roman Louis-Philippe Dalembert
de Dalembert, Louis-Philippe
S. Wespieser
ISBN : 9782848052151 ; EUR 21,00 ; 14/03/2017 ; 294 p. ; Broché -
Avant que les ombres s'effacent [Texte imprimé], roman Louis-Philippe Dalembert
de Dalembert, Louis-Philippe
Points / Les Grands romans (Paris. 2006)
ISBN : 9782757869901 ; 7,50 € ; 05/04/2018 ; 288 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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Hommage à Haïti, terre d'accueil.
Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 13 décembre 2020
Au-delà, son roman constitue un vibrant plaidoyer pour l'égalité ethnique, voire une dénonciation vigoureuse de la notion de race dans l'espèce humaine dans la droite ligne de l'essai de son compatriote Anténor Firmin "De l'égalité des races humaines" dont il fait d'ailleurs un fil rouge de son récit.
Au passage, il valorise également l'élite culturelle haïtienne, mettant en lumière des personnalités réelles telles les poète et poétesse Roussan Camille et Ida Faubert et d'autres qu'il intègre avec habileté à sa trame romanesque.
A travers l'errance de la famille Schwarzberg condamnée, entre éclatement et renoncements de tous ordres, à repartir à zéro toujours et toujours en raison de leur seule origine qu'ils n'ont pas choisie, ce n'est pas seulement au sort des juifs qu'il nous renvoie, mais à celui de tous les réfugiés contraints par les guerres ou les persécutions.
Mais si le fond porteur de message s'avère souvent grave, le traitement ne l'est pas pour autant. De ce contraste naissent la singularité de ce roman et le caractère plaisant de cette lecture qui nous entraîne de circonstances dramatiques en épisodes plus légers. Ainsi en est-il par exemple de la pause parisienne au sein de la communauté haïtienne qui insuffle au récit toute la sensualité caribéenne.
Dans la continuité d'un prologue au ton on ne peut plus persifleur, l'écriture vivante, haute en couleur parfois, serpentant entre un registre familier et un registre plus élaboré, entretient une tonalité qui contrebalance le tragique de certaines situations. Les pointes d'humour ne sont pas rares et peuvent surgir à des moments où on les attend le moins (exemple lors de la nuit de cristal). La relation du séjour à Buchenwald occulte l'horreur pour se focaliser sur la "parcelle d'humanité" incarnée en Johnny l'américain. Dans la période parisienne, j'ai particulièrement apprécié les flèches assassines (mais justifiées) à l'encontre des travers français. Quant à la scène savoureuse du commissariat, scène cocasse et pathétique de bêtise, elle n'arrange pas notre cas!
J'ai par contre beaucoup moins apprécié le dernier tiers de l'ouvrage consacré à la vie du docteur Ruben S. en Haïti qui m'a paru d'un moindre intérêt en regard de ce qui précède. Un peu dommage! Je suppose qu'en choisissant cette structure, à savoir nous conter ce parcours jusqu'au bout par le biais du récit du docteur alors parvenu à un âge très avancé, à sa petite cousine, lors du terrible séisme de 2010 , l'auteur obéissait à une volonté de faire état du rendu d'Israël à Haïti (rappelons qu'il s'agissait du 2ème contingent de soignants et d'humanitaires après le contingent américain) et de mettre ainsi l'accent sur l'entraide et la solidarité entre les peuples.
Chaleur caribéenne !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 11 juillet 2020
"Avant que les ombres s'effacent" paraît en 2017.
Une saga familiale autour d'un personnage central, le Dr. Ruben Schwarzberg, juif polonais au destin mouvementé à l'image des juifs d'Europe au début du XX ième siècle.
L'auteur aborde un fait historique méconnu, celui de l'état d'Haïti, qui déclare la guerre au Reich en 1941, menace d'envoyer ses quatre avions épaves (.... ) mais surtout annonce qu'il est disposé à accueillir les réfugiés juifs d'Europe et leur accorder la nationalité haïtienne.
Une générosité démesurée à cette époque pour cette ile caribéenne.
Au crépuscule de sa vie (2010), peu après qu'un violent séisme ait ravagé l'ile, le Dr Schwarzberg raconte sa vie de 1913 en Pologne, son enfance à Berlin, son départ précipité pour Paris ou la communauté haïtienne l'aidera à rejoindre Haïti qui fera du médecin son fils adoptif. Amour réciproque d'un pays pour un homme généreux, simple et altruiste.
Un roman qui jongle entre chaleur caribéenne et tragédies guerrières en Europe (la montée du nazisme)
L'auteur trouve le bon équilibre et nous fait connaitre et adorer cette île chaleureuse.
Un mélange de personnages de fiction et vrais (écrivains et poètes haïtiens)
Nul doute sur la réelle qualité littéraire de ce roman et de la grande maitrise de l'auteur.
Cependant, je n'ai pas réussi à entrer dans le livre, ni prendre beaucoup de plaisir à sa lecture.
Haïtien de coeur
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 25 mai 2020
"Voilà, il traînait ce passé avec lui et le traînerait sans doute toujours, mais il refusait de passer sa vie à se lamenter sur son sort, à ruminer le mal qu’on lui avait fait. Il voulait regarder vers l’avant, continuer à vivre, pour lui, pour les siens. c’était sa façon de ne pas offrir une seconde victoire au petit caporal et à sa meute sanguinaire."
Des épreuves dont il n’aura jamais parlé jusqu’à ce que sa petite nièce vienne jusqu’à lui.
Il pourra raconter son passage à Paris, sa rencontre avec une poétesse, Madame Faubert et Roussan Camille qui l’introduisent dans le cercle des Haïtiens, son arrestation et son emprisonnement ; passage savoureux et instructif, où il épingle les français (policiers) et leur méconnaissance des autres pays, confondant Haïti et Tahiti, égratignant au passage l’arrogance française et son invincible ligne Maginot. Détention qui permettra au cercle d’haïtiens de faire la démonstration de leur loyauté, de leur dévouement, du sens de l’entraide quand il s’agit de secourir l’un des leurs, (alors même que Ruben n’est pas encore naturalisé).
L’arrivée à Haïti sera elle aussi épique. Mais enfin, le sentiment d’être là où il devait être. En suivant les conseils de son grand-père, il s’intégrera et deviendra haïtien de coeur et d’esprit.
"Quand tu arrives quelque part, tu vois tout le monde danser sur un pied, eh bien, tu danses sur un pied."
J’ai trouvé dans ce roman de nombreux points communs avec Le Ghetto intérieur de Santiago Amigorena ; l’exil loin de la Pologne, le dilemme entre parler ou se taire pour protéger les gens qu’il aime pour l’un, pour aller de l’avant pour l’autre, et ce questionnement sur la judaïté, et l’image que le monde en a.
"C’est par méconnaissance de nos traditions, dit Papy, que les gens nous voient comme une caste fermée, qui passe son temps à ourdir des complots contre la terre entière, et nous prêtent des intentions plus farfelues les unes que les autres."
Malgré ces thèmes sombres, Louis-Philippe Dalembert réussit un roman vif, amusant et passionnant.
La vie du Dct Ruben Schwarzberg
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 14 mai 2020
Le vote en 1939 par l'Etat haïtien d'un décret-loi octroyant la nationalité, un passeport et un sauf-conduit à tous Juifs européens qui en faisaient la demande.
L’auteur nous l’explique à travers l’histoire du personnage principal, le docteur Ruben Schwarzberg dont on suit l'incroyable parcours, de sa naissance en 1913 à sa rencontre en 2010 avec Déborah la petite fille de la tante Ruth.
Un roman tendre, généreux, avec de l’autodérision et une ambiance haïtienne comme j’aime.
A lire…
Un roman militant
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 4 mars 2020
Et quelle est cette histoire ? C’est une chose assez incroyable, tout à l’honneur d’Haïti, par ailleurs. Après l’avènement de Hitler puis la montée en puissance de celui-ci, les persécutions vis-à-vis des Juifs, notamment, sont manifestement devenues apparentes (pas aux yeux de tout le monde, cela dit !).
»…, en 1939, le pays avait adopté un décret-loi afin d’octroyer la naturalisation immédiate – sans « grate tet », avait exigé le peuple souverain – à tous les Juifs qui le souhaitaient. Visiblement, ça n’avait pas suffi, …
…/…
Ce vendredi-là, dans son adresse solennelle à la nation, le président frais élu Antoine Louis Léocardie Elie Lescot, commandant en chef des forces terrestres, navales et aériennes d’Haïti, informa ses chers compatriotes que, dès le lendemain, « nos bombardiers sillonneraient le ciel bleu de Berlin ». »
En d’autres termes, le vendredi 12 Décembre 1941, la République indépendante, libre et démocratique d’Haïti, déclarait la guerre à l’Allemagne et l’Italie ! Deux ans après avoir annoncé la possibilité pour tout Juif de réclamer la nationalité haïtienne. Gonflé, le petit pays !
C’est cet épisode que Louis-Philippe Dalembert raconte dans ce roman via la vie – fictive – du docteur Ruben Schwarzberg, dont la famille, juive, avait déjà dû fuir Lödz, en Pologne (oui, il n’y a pas que l’Allemagne nazie qui à cette époque-là avait maille à partir avec les Juifs) pour Berlin. Le futur docteur est alors enfant. La famille fait son trou à Berlin, le futur docteur devient docteur mais voilà Hitler, la nuit de Cristal, les persécutions. Il faut repartir. La famille s’éclate un peu dans différentes directions et le docteur Ruben échappe de peu à la mort à Buchenwald où il est interné en compagnie de son oncle Johnny. Ils parviennent à en sortir par l’intervention du supérieur de Ruben à l’hôpital où il se formait.
Sortis, c’est alors l’exil vers la France, Paris, le contact avec les Haïtiens, l’Ambassade d’Haïti et le départ pour Port-Aux-Princes, passeport haïtien en poche.
La suite …, Louis-Philippe déroule une belle histoire qui nous emmène jusqu’en 2010, à Haïti, où Deborah, une petite nièce de Ruben, vient de débarquer d’Israël pour apporter secours à l’île qui vient de subir un terrible séisme. Elle en profitera pour faire connaissance avec son grand-oncle qui lui –nous- racontera son histoire.
Comme je l’ai dit, ça fait plus récit militant que roman. Haïti est décidément une île pas comme les autres !
L'étonnante destinée de la Montagne noire
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 2 juin 2019
Poussés vers l’ouest par les pogroms ou les lois nazies antisémites, Ruben et sa famille s’éparpillent à travers le monde ; la destination finale du fils de la famille, médecin de son état étant la plus chaotique et improbable.
Pourtant, ce roman se base sur une réalité historique où Haïti, pays indépendant depuis 1804, fût un exemple de tolérance et une terre d’accueil pour les juifs persécutés par le petit caporal. Certes, ce qui semble assez théorique vu l’accessibilité de cette nation perdue dans les Caraïbes, permis à des milliers de juifs de trouver refuge et y être sauvés.
On retrouve Ruben en 2010, à l’aube de son centenaire dans un pays dévasté par les catastrophes naturelles mais toujours sur un ton optimisme et léger.
Aucune chance d’être déçu par ce bon roman.
Belle découverte
Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 63 ans) - 29 mars 2019
Voici un livre intéressant qui aborde l'attitude de l'état d'Haïti durant la seconde guerre mondiale.
Petit île perdue dans la mer des Caraïbes, elle aura l'audace de déclarer la guerre au dictateur moustachu et à son comparse italien.
Elle sera terre d'accueil pour de nombreux juifs fuyant le nazisme.
Le livre se divise en trois parties.
Dans la première, qui se passe en Pologne, nous découvrons la famille du Docteur Ruben Schwarzberg. C'est le pays de son enfance jusqu'à la fuite de ses parents et proches face aux vagues d'antisémitisme.
La deuxième partie se passe dans le Berlin des années folles.
Le jeune Ruben y fera ses études de médecine, la famille est totalement intégrée, le père continue à exercer son métier de fourreur, tout baigne jusqu'à la fameuse "nuit de cristal" qui va projeter à nouveau toute la tribu sur les chemins de l'exil.
Certains choisiront les Etats-Unis, d'autres la Palestine.
Ruben, lui, après un séjour à Buchenwald et dans un camp d'internement français, prendra le large vers Haïti.
Ruben décide alors de tirer un trait sur son passé, intègre totalement la culture de sa terre d'accueil. ll faudra la visite de sa petite-cousine pour qu'il accepte de se souvenir.
Le récit est surtout intéressant car il nous dévoile la position de l'état d'Haïti durant la seconde guerre mondiale. En effet, il n' a pas hésité à voter une loi autorisant les consulats à délivrer des passeports aux personnes désirant fuir le régime nazi.
Roman qui à travers une saga familiale dépeinte avec humour et autodérision, nous éclaire sur certains points de l'Histoire.
Ruben, en fin de compte, a eu énormément de chance de rencontrer les bonnes personnes au bon moment, ce qui n'a pas été le cas de tout le monde.
Lecture agréable, enrichissante qui raconte une période de l'histoire sous un angle différent.
Très bel hommage de Louis-Philippe Dalembert à sa terre natale;
Je le recommande.
Une belle histoire !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 19 juillet 2018
Ruben Schwarzberg est né en 1913 dans une Pologne sous dépendance russe. Pas vraiment la bonne année pour naître !
Après la première guerre, la seconde se prépare déjà. Un pogrom incite la famille Schwarzberg à s'expatrier à Berlin. Mauvaise idée quand on est juif d'aller se placer dans l'épicentre de l'ouragan qui va déferler sur l'Europe, mais personne ne peut deviner ce qui va se produire !
Ce vilain petit caporal moustachu n'a pas encore commencé à postillonner ses messages de haine.
En 1939 l'Etat haïtien promulgue une loi autorisant les consulats à délivrer passeport à tout juif qui en ferait la demande. C'est ainsi que Ruben ayant obtenu son titre de médecin se retrouve à Port au prince pour une autre vie. Plus question de religion, de couleur de peau, le soleil donne la même couleur aux gens.
Dalemberg chante son île, venez l'écouter. Il y a entre les pages le bruit des vagues.
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